Mode survie
Il y a cette formule, maintes fois répétée parmi des organisateurs démocrates du camp plus progressiste, qui me revient en tête cette semaine : « Ne votez pas pour la personne que vous aimez, mais pour vos conditions de résistance. »
Il faut comprendre que Kamala Harris, qui a mené une campagne très centriste en 2024 et qui a continué à appuyer les bombardements sur Gaza, n’inspirait pas la gauche américaine. Même qu’une bonne partie de cette gauche a choisi de s’abstenir le 5 novembre dernier, ce qui explique en partie la victoire de Donald Trump dans le vote populaire. En tentant de convaincre les gens, en gros, de se pincer le nez et de voter pour leurs « conditions de résistance », on cherchait à se faire réaliste. Peu importe qui allait remporter la présidentielle, d’un point de vue réellement progressiste, il allait falloir lutter avec la Maison-Blanche. Ce qu’on avançait, c’est qu’il était préférable de lutter… sans avoir le sentiment d’être soi-même au milieu des flammes.
Les appels au « barrage républicain », lors des législatives françaises de l’été dernier, mobilisaient une logique similaire. Pour empêcher Marine Le Pen et l’extrême droite du Rassemblement national de passer, on a cherché à susciter des comportements électoraux basés sur une réflexion qui allait au-delà de la préférence de cœur pour une candidature. De vastes mobilisations contre l’extrême droite ont aussi joué dans les élections allemandes de février dernier.
Dans ces trois cas, avec des taux de succès variables, une partie du comportement électoral des populations a été guidée par la........
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