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La dette du monde

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20.04.2025

Il s’est dit beaucoup de choses ces dernières semaines, dans l’espace public québécois, sur l’arrivée potentielle de nouveaux demandeurs d’asile d’origine haïtienne. Au ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, qui a lancé que le Québec ne pouvait accueillir « toute la misère du monde », Dany Laferrière a répondu que ces personnes constituent aussi « toute la richesse du monde ». J’aimerais contribuer à ce recadrage politique important.

Le jeudi 17 avril marquait le 200e anniversaire de la « dette de l’indépendance », ou ce que les Haïtiens appellent souvent la rançon de l’indépendance. Le 17 avril 1825, la France a imposé à Haïti, sous menace d’invasion militaire, de la « rembourser » pour la valeur de sa « propriété perdue » dans l’abolition de l’esclavage et l’indépendance du pays. Cette double dette — parce qu’il a fallu aussi emprunter aux banques françaises à fort intérêt pour rembourser la France même — a cannibalisé les ressources financières du jeune État haïtien pendant près d’un siècle. En bref, on a tué la République d’Haïti dans l’œuf.

Jeudi, à l’occasion du bicentenaire, la France a pour la toute première fois reconnu cette partie de l’histoire. L’Élysée reconnaît notamment que Haïti « était ainsi confrontée, dès sa constitution, à la force injuste de l’Histoire ». Le président

© Le Devoir