Le «Menhir»
La beauté du reportage, c’est qu’il ébranle les idées reçues. On y part avec des conceptions toutes faites. On en revient transformé, parfois désarçonné. C’est l’épreuve de la vérité. C’est ainsi qu’un premier mai, à mon arrivée en France, je me suis naïvement rendu à la grande manifestation annuelle qu’organisait le Front national (FN) devant la statue de Jeanne d’Arc, place des Pyramides.
J’arrivais du Québec avec quelques idées préconçues. Au lieu de milices nazies, je me retrouvai au sein d’une foule bon enfant venue faire la fête et qui défilait en famille. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir parmi ces milliers de manifestants un fort contingent de Noirs issus de l’outre-mer qui m’ont expliqué qu’ils étaient avant tout français, peu importait leur couleur. J’ai ensuite interrogé de nombreux participants sur les déclarations antisémites de leur chef. Je n’ai trouvé personne pour les défendre, mes interlocuteurs paraissaient gênés de ces propos que la plupart jugeaient infamants. Le tout s’était terminé place de l’Opéra par un discours d’une éloquence rare à faire rougir la plupart des hommes politiques.
Ceux qui cherchent des vérités toutes faites ne devraient jamais sortir de chez eux ! En apprenant la mort de Jean-Marie Le Pen, à 96 ans, cette semaine, c’est ce souvenir qui m’est revenu à l’esprit. Le Front national serait-il........
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