L’Europe au pied du mur
En octobre dernier, une délégation du Parlement européen s’était rendue en Ukraine. L’ancien directeur du renseignement militaire et commandant des opérations spéciales françaises, Christophe Gomart, en était revenu ébranlé. La question qu’il posa était à ce point dérangeante que personne n’avait voulu l’entendre : l’Ukraine peut-elle encore gagner cette guerre ?
« La détermination de Kiev est admirable, concluait-il, mais elle se heurte à une réalité militaire qui la dépasse. » Avec le quart du territoire ukrainien sous occupation, un total de 280 000 morts dont 80 000 Ukrainiens, une production d’obus d’artillerie russe qui dépasse celle des Européens et des Américains, 60 000 désertions en 2024 et une population qui est passée en trois ans de 42 millions à 33 millions, le bilan pour l’Ukraine n’était pas reluisant.
Dès le début de cette guerre, nombreux étaient ceux qui avaient estimé qu’une victoire était plus qu’aléatoire. Mieux valait tenter de mettre l’Ukraine dans une position militaire pas trop défavorable afin de négocier le moins mauvais accord. D’autres proposaient de garantir la neutralité de l’Ukraine, comme cela avait été fait avec succès pour la Suède et la Finlande en 1955. Dès 2022, Henry Kissinger avait réclamé des négociations de paix. Le titre de son article : « Comment éviter une autre guerre mondiale ». Tous furent traités de suppôts de Poutine.
Pour peu qu’on délaisse la psychologie pour la géopolitique, il était normal de se demander comment un pays de........
© Le Devoir
