« The Gazer » : journal d’un oiseau de nuit happé dans une spirale d’angoisse
Dans la lignée de Taxi Driver, Ryan J. Sloan met en scène avec un indéniable sens du suspense une jeune paumée, incarnée par sa coscénariste, lancée dans une traque angoissante à travers le New Jersey. Un pur produit indépendant, film noir autoproduit aux accents rétro.
Le début de The Gazer, de Ryan J. Sloan, est un peu trompeur. On s’attend à voir le monde à travers le prisme déformé de la perception du personnage principal, Frankie, marginale trentenaire qui survit avec des petits boulots. Cet être déphasé, maigre, à la silhouette androgyne, coupe à la garçonne – incarné avec intensité par la coscénariste, Ariella Mastroianni –, évoque un oiseau blessé.
Vivant seule, elle est atteinte d’une maladie neurodégénérative. Pour se recentrer et se focaliser sur la réalité, elle écoute constamment des cassettes audio qui en même temps la coupent du monde. D’où la voix off permanente. Mais tout compte fait, ces gimmicks et détails pathologiques ne vont guère entraver la mise en route d’un engrenage de film noir. L’ambiance nocturne, la musique mi-jazzy, mi-électro aux accents bruitistes nous propulsent dans les seventies new-yorkaises, même si le récit se déroule au présent et de l’autre côté de l’Hudson, dans le New Jersey, banlieue-dortoir de........
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