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« Bleu d’août », de Deborah Levy, de jouer ses doigts se sont figés

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02.05.2025

La romancière anglaise déploie toutes les ressources de l’art pour mettre en jeu, à l’aide d’un double pianiste, le combat valeureux d’une femme en quête de soi et de liberté. Un livre éblouissant de sensibilité.


Bleu d’août, de Deborah Levy, traduit de l’anglais par Céline Leroy, Éditions du sous-sol, 210 pages, 21,50 euros

Deborah Levy nous apprend à regarder de biais et à déchiffrer les signes. Elsa M. Anderson, 34 ans, les cheveux bleus, 1,80 mètre à la toise, fumeuse occasionnelle de cigare, fille adoptive et sans attache d’un musicien célèbre, elle-même pianiste virtuose, vient de connaître un fiasco retentissant à Vienne, en plein récital du Concerto n° 2 de Rachmaninov. Ses doigts se sont figés sur les touches avant de prendre leur distance avec l’orchestre… Deborah Levy suit pas à pas la malheureuse, d’Athènes à Paris où, pour survivre au désastre, elle donne des cours de piano. On la voit aussi à Londres et en Sardaigne, où meurt son père adoptif. Quelle existence étrange ! Au tout début, elle croise, chez un antiquaire athénien, une jeune femme qui lui ressemble, coiffée d’un chapeau, des sandales en peau de serpent aux pieds. Par un tour de passe-passe, la narratrice impliquée subtilise le chapeau de ce double d’elle-même, qui va la suivre, tel son moi idéal.

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