Inflammation chronique des intestins : comment l’émulsifiant E466 utilisé massivement par l’agro-industrie choisit ses victimes
Le E466, ou CMC, est utilisé en masse par l’agro-industrie. L’Institut Pasteur, qui en étudie la nocivité depuis plusieurs années, vient de découvrir que la sensibilité à cet émulsifiant varie fortement selon les individus, et qu’elle peut être prédite.
Les émulsifiants alimentaires sont omniprésents dans les produits transformés. Utilisés par les industriels pour améliorer la texture ou prolonger la durée de conservation, ils sont pointés du doigt pour leur impact potentiel sur l’ensemble du microbiote intestinal, cette communauté de micro-organismes essentielle à notre santé.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs français de l’Institut Pasteur se sont intéressés à la carboxyméthylcellulose (CMC, voir la définition1), l’un des émulsifiants les plus courants. Les expériences ont montré que la consommation de CMC peut modifier la composition du microbiote intestinal et favoriser une inflammation chronique. Mais cette perturbation n’affecte pas tout le monde de la même manière.
Pour comprendre ces différences, les chercheurs ont développé un modèle in vitro, capable de reproduire le microbiote humain dans des conditions contrôlées. Ce système a permis d’exposer à la CMC des échantillons de microbiote de 16 participants et d’observer leurs réactions.
« Les résultats montrent que certains microbiotes se sont montrés très sensibles à la CMC, avec des changements marqués dans leur composition tandis que d’autres, au contraire, ont résisté, sans modification significative », expliquent les scientifiques dans l’étude. L’équipe a ensuite exploré la possibilité de prédire cette sensibilité à partir de l’ensemble des gènes du microbiote.
Grâce à des analyses approfondies, les chercheurs ont identifié 78 © L'Humanité
