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Bande dessinée : Bastien Vivès ou l’outrage en procès

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28.05.2025

À la demande de trois associations de protection de l’enfance, le tribunal de Nanterre va se pencher sur des BD pornographiques de Bastien Vivès. Lutte contre la pédopornographie contre liberté de création : les débats promettent d’être animés.

« Quel âge a Petit Paul ? » « Magalie est-elle la représentation d’une adolescente ? » « La professeure est-elle une adulte ? » Le 27 novembre 2023, dans les locaux de la brigade des mineurs, l’auteur de bandes dessinées Bastien Vivès est pendant cinq heures sous un feu nourri de questions.

Saisie par le parquet à la demande de trois associations de protection de l’enfance, la capitaine de police veut établir le caractère illicite de trois de ses albums. Les Melons de la colère et la Décharge mentale, édités chez les Requins marteaux, et Petit Paul, publié chez Glénat. Ils tombent, estime le parquet, sous le coup de l’article 227-23 du Code pénal qui réprime « le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique ».

Bastien Vivès, un pervers sexuel dont les éditeurs seraient les complices ? Deux ans se sont écoulés depuis cet interrogatoire. Et le procès qui s’ouvre ce matin devant le tribunal correctionnel de Nanterre place la justice dans une posture très singulière, celle du censeur.

« C’est le retour de l’outrage aux bonnes mœurs. Comme si on effaçait plus d’un siècle de débats sur la liberté de l’art », observe Elsa Bourgain, chargée de la coordination éditoriale aux Requins marteaux. Fondée en 1991, structurée en association loi 1901, cette maison a écrit l’histoire de la BD alternative.

Vendus sous blister, interdits aux moins de 18 ans, tous les albums de Bastien Vivès qu’elle édite appartiennent à une collection laboratoire, baptisée « BD cul », imaginée en 2010 dans un atelier d’artistes.........

© L'Humanité