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Pour bien défendre l’activité de l’agence française de développement, oser ...

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12.03.2025

L’activité de l’agence française de développement (AFD) fait l’objet de nombreuses critiques s’agissant de ses objectifs, de son mode d’intervention, des projets qu’elle finance et de la zone géographique dans laquelle elle intervient. Cette remise en cause est concomitante avec la baisse des crédits de l’aide publique au développement en France (moins 2 milliards d’euros en 2025) et à l’arrêt temporaire des activités de l’agence américaine de développement USAID.

Certaines de ces critiques sur les projets que finance cette institution ne sont pas justifiées. L’AFD est bien gérée, auditée de l’extérieur, utilise les subventions qu’elle reçoit majoritairement pour ses interventions dans les pays pauvres. Les objectifs poursuivis par les projets qu’elle appuie sont le fruit d’une discussion entre les bénéficiaires potentiels et l’AFD. Ses procédures très strictes en matière de décaissement des fonds sécurisent les financements. Les projets sont évalués par des évaluateurs externes.

Afin de contrer les attaques dont elle est l’objet, l’AFD communique sur les grands médias nationaux, par l’intermédiaire de son directeur général, Rémy Rioux, mais également sur les réseaux sociaux. L’argumentaire choisi est essentiellement le suivant : l’agence française de développement n’est pas véritablement une agence, comme son nom l’indique, mais une banque dont 85 % de l’activité est constituée par des prêts. Rémy Rioux, explique que 57 % de l’activité de l’AFD est toujours orientée vers les PMA[1] (pays les moins avancés). Les financements fournis à la Chine ne coûtent rien au budget de l’État. Avec 2,3 milliards d’euros reçus du budget de l’État, l’AFD engage chaque année plus de 12 Mds d’€. Ses financements constituent des marchés pour les entreprises françaises à hauteur de 3 Mds € par an. L’argumentaire est donc essentiellement utilitariste, présentant l’AFD comme l’un des piliers du soft power de la France, utile donc à la défense de nos intérêts. Curieusement, le directeur de l’AFD n’hésite pas cependant à exprimer qu’il se sent « mal à l’aise »[2] avec le concept d’aide publique au développement et qu’il lui préfère de beaucoup celui d’investissement solidaire et durable.

Cette communication de l’AFD ne semble cependant pas éteindre les critiques. Il faut dire que cette institution est mal connue du grand public, mal connue du monde politique et des médias, et que son activité a beaucoup évolué durant les 20 dernières années. De plus, la communication officielle autour de l’activité de l’AFD demeure par certains côtés très ambiguë. Prenons quelques exemples.

Première ambiguïté déjà évoquée, l’agence française de développement se nomme bien agence mais il faudrait plutôt la considérer comme une banque. Or les agences de développement, comme l’USAID, pratiquent essentiellement le don, ce qui leur permet de toucher les plus pauvres. Deuxième ambiguïté, sur les 15 milliards de $ d’aide publique au développement (APD) déclarée par la France en 2023, la part de l’APD qui passe par le canal de l’AFD oscille entre 15 à 35 % chaque année[3]. Cela veut dire que le cœur d’activité de l’AFD est extérieur à l’aide publique au développement, comme c’est d’ailleurs le cas de la plupart des banques de développement bilatérales ou multilatérales de par le monde, qui fonctionnent très majoritairement en octroyant des prêts. Troisième ambiguïté majeure, l’AFD accrédite dans sa communication le fait d’être principalement aux côtés des pays les moins avancés,........

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