Rapport flash de la Cour des comptes : remise à plat (ou presque)
Au terme d’une « mission flash » la Cour des comptes vient de rendre un rapport sur l’état financier du système de retraite. J’ai d’ailleurs eu l’occasion, comme d’autres d’être reçu lors de la rédaction du rapport. Je livre ici quelques réactions à chaud à la lecture du document.
i) Le diagnostic général était connu, il demeure inchangé, légèrement actualisé : les dépenses de retraites sont stabilisées, un déficit modéré est à prévoir si on diminue comme prévu les ressources. Les pensions futures risquent de se dégrader.
ii) Le rapport a le grand mérite de prouver que la méthodologie du COR est robuste puisqu’il en suit l’ensemble des raisonnements, dissipant au passage utilement la fable de la dette cachée des retraites.
iii) Dans le détail, la présentation des différents leviers de pilotage du système est franchement déséquilibrée, et méthodologiquement assez faible par rapport à ce qu’on sait par ailleurs. Et il est probable que ça ne sera pas une base très utile pour la négociation qui s’ouvre.
Un rapport qui confirme ce qu’on savait déjà
Pour qui est familier des rapports du COR, ce rapport n’apprend pas grand-chose. En effet, sur le fond il reste très proche des publications annuelles du COR, dont il emprunte une bonne partie de la méthodologie.
En cela c’est à la fois une bonne réponse à la commande du premier ministre, mais également une démonstration supplémentaire (après notamment celles du COR) que sa commande n’était pas nécessaire ce dont on se doutait un peu : après presque cinq années passées à discuter du système de retraite (réforme Delevoye, Borne), on commence à en connaître la situation.
On sait que les dépenses, à législation inchangée, sont à peu près stables, mais que cela se fait au prix de retraites plus courtes pour les générations qui partent aujourd’hui ou dans cinq ans que pour celles parties il y a dix ans. On sait qu’un déficit est prévu (on pourrait presque dire planifié), non pas du fait d’une hausse des dépenses, mais d’une baisse programmée des ressources que l’Etat consacrera aux retraites, baisse qui n’est pour l’heure compensée par aucunes recettes de substitution. Ce déficit sans mettre en danger ni le système ni les finances publiques est de l’ordre de 0,5 point de PIB autour de 2035, un peu plus par la suite, et ça serait une bonne idée de le réduire, en programmant, dès maintenant une mobilisation des ressources pour le système. On sait que le niveau de vie relatif des retraités est comparable à celui des actifs (des ressources monétaires nettement plus faibles, compensées par des ménages plus réduits, et le plus souvent la propriété d’un logement entièrement payé). On sait également, que la stabilisation du niveau des dépenses de retraite se fait au prix d’une baisse programmée marquée du niveau de vie des futurs retraités.
On sait que le décalage de deux ans de l’âge de la retraite à 64 ans maintiendra en emploi de l’ordre de 300 000 personnes supplémentaire par an en 2035, mais que cela se fera (le rapport reste discret sur ce point) au prix d’un période plus précaire et plus longue pour 100 000 à 200 000 personnes, en particuliers des ouvriers et des employés femmes et hommes qui ne sont........
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