CRISE DE L’ESR / CONTRIBUTION 1 - La dimension « RH » de la Loi pluriannuel...
Ce texte de Philippe Askenazy est le premier d'une série de contributions portant sur la crise de l'ESR en France (voir le texte de présentation de la série par Dominique Plihon et Dominique Redor, publié sur ce blog).
La Loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR), promulguée fin 2020 pour les années 2021 à 2030, comportait diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur.
Au niveau macroéconomique, il s’agissait de satisfaire enfin l’objectif de Lisbonne… pour 2030. Rappelons qu’en 2000, l’Union européenne s’était fixé l’objectif de devenir, à l’horizon 2020, une puissante économie de la connaissance, avec une cible pour chaque pays de 3 % du PIB dévolue à la recherche. La France a été incapable de s’approcher de cet objectif atteint par la Belgique ou bien l’Autriche. Les causes en sont connues : sous-financement chronique de la recherche publique et de l’enseignement supérieur, avec comme corollaire une production insuffisante de docteurs en sciences et d’ingénieurs, et, parallèlement, un coûteux dispositif de Crédit d’impôt recherche (CIR). Celui-ci fut mal conçu, et les ressources financières allouées se sont évaporées dans un effet d’aubaine, in fine dans les profits de très grandes entreprises.
De plus, les dépenses de recherche et développement (R&D) et pour l’enseignement supérieur n’ont pas décollé, hormis dans les deux premières années suivant la loi relative aux libertés et responsabilités des universités de Valérie Pécresse, durant lesquelles les présidences des universités ont grillé une partie de leurs réserves dans l’espoir — notablement vain — de gagner en attractivité pour les financements privés.
Pour atteindre l’objectif des 3 % en 2030, sans remettre en cause le CIR, la présentation de la LPPR annonçait « 25 milliards d’euros devant être investis sur les dix prochaines années au profit des organismes de recherche, des universités et des établissements ».
En particulier, la LPPR portait deux promesses dans son volet « ressources humaines » pour améliorer l’attractivité des métiers de chercheurs et d’enseignants-chercheurs. La loi prévoyait d’une part une augmentation substantielle des recrutements, et d’autre part une revalorisation salariale sensible, dans un contexte cependant inchangé pour l’ensemble de la fonction publique, marqué par le gel du point d’indice. En fait, c’est l’ensemble de la carrière d’un jeune entrant en thèse qui devait être revalorisé : allocation de thèse supérieure de 30 %, hausse des recrutements, salaire de départ d’au moins deux smics, etc. Qu’en est-il de ces promesses à mi-chemin désormais ?
Toujours pas plus de recrutements
Au niveau doctoral, la LPPR prévoyait une augmentation de 20 % du nombre de doctorants financés. Le processus semble partiellement engagé. Le nombre de primo-doctorants à la rentrée 2023 (derniers chiffres consolidés) est exactement le même........
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