L’Etat et l’intelligence artificielle : pièges et promesses… Fiction ?
L’intelligence artificielle prend une place croissante dans l’accomplissement de tâches analytiques et réflexives. Si bien qu’il convient de se demander si dans un avenir plus ou moins proche les décisions économiques et politiques ne seront pas confiées à ces machines, jugées plus fiables et efficaces que des êtres humains émotifs et faillibles. Face à ce constat, Huang et al. (2019) ont estimé qu’une « économie du feeling », du sentiment pourrait émerger, dans laquelle les humains consacreraient leurs activités professionnelles à des tâches nécessitant l’intervention de compétences interpersonnelles et empathiques. D’ailleurs, la mode managériale des soft skills semble préparer l’humanité à développer des compétences professionnelles susceptibles d’assurer la spécificité de l’humain face à la rationalité instrumentale de la machine et de l’intelligence artificielle (IA). Alors, verrons-nous un jour une entreprise ou un État gérés par une IA, ou cette idée appartient-elle définitivement au genre de la science-fiction ? En effet, on ne compte plus les histoires mettant en scène des ordinateurs aux capacités gestionnaires prodigieuses, au risque de la dystopie. La plupart de ces fictions mènent à des situations où l’humanité est soumise en esclavage par une machine toute puissante qui cherche à l’asservir ou à la détruire. Après avoir envisagé l’apport de l’IA à la gestion, nous en soulèverons quelques limites avant d’étudier la plausibilité de réalisation de l’utopie de l’IA gestionnaire.
Les finances publiques gérées par l’IA
Pour l’heure, l’IA est utilisée pour gérer les finances publiques à différents niveaux. Elle permet d’automatiser le traitement des paiements, la gestion du budget et le suivi des dépenses. De même, elle est une aide à la décision dans la mesure où elle est censée traiter une quantité de données phénoménale, inaccessible pour un humain. L’IA est aussi capable de détecter plus facilement les fraudes et d’optimiser le système de gestion des recettes et des dépenses. Ainsi, plusieurs États l’utilisent déjà pour la gestion de leurs finances publiques, et notamment la Grande-Bretagne, pour collecter les impôts. Le gouvernement de Singapour cherche à optimiser les coûts grâce à cet outil. L’analyse prédictive est un autre secteur crucial pour les politiques publiques qui peut faire appel à l’IA. Elle consiste à prévoir les recettes et dépenses futures et à aider la planification budgétaire et la gestion des risques. Belhaj (2023) montre aussi qu’elle pourrait modifier fondamentalement........
© Alternatives Économiques (Blog)
