Pourquoi est-il difficile de faire une politique éducative de gauche ?
En matière éducative, le consensus mou est facile à trouver. On s'entendra sans peine pour affirmer énergiquement, qu'il faut respecter les enseignants, qu'il faut renforcer le socle commun de connaissances, qu'il faut que les jeunes s'épanouissent à l'école, tout en se préparant bien pour les études supérieures et leur future insertion sur le marché du travail. Il faut donc, y a qu'à, mais très vite, cela va se gâter quand il faudra donner un contenu concret à la politique éducative.
Dépasser l'opposition entre l'angélisme de la gauche et le cynisme de la droite
L'angélisme de la gauche trouve son origine dans l'idée que tous les élèves peuvent être excellents, si l'institution scolaire s'y prend bien avec eux. Elle doit ôter de leur chemin tous les obstacles ou difficultés, qu'on peut rencontrer sur un parcours scolaire.
Entendons nous bien, les travaux de Bourdieu sur l'importance de l'habitus de classe sociale et les différents capitaux dont disposent ou manquent des jeunes sont un apport essentiel pour analyser les tendances, sinon à la reproduction sociale (deux enfants sur trois ne sont pas dans la même CSP que leur père) du moins, pour décrypter la viscosité sociale. En effet, les trajets sociaux sont courts. Quand on n'est pas dans la CSP de son père, on se trouve souvent dans une CSP voisine. Ces travaux ont fait réfléchir les professeurs et l'ensemble de l'institution scolaire sur leurs pratiques.
Ceci étant, le risque est d'avoir une vision des choses trop déterministe, qui fait sous-estimer le talent et le travail des jeunes issus des classes favorisées et qui travaillent avec suffisamment d'intensité pour réussir. Ne pas exagérer dans les résultats scolaires l'importance de l'orthographe et de la culture générale souvent transmise par le milieu familial peut se comprendre, avec toutefois le risque bien réel, de rendre moins vigilants les enfants des milieux........
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